Déclaration des droits et des bienfaits du Toucher

Pour le droit de chaque individu, d’être touché/massé par qui bon lui semble.
Et qui lui semble bon !

Pour que cette activité trouve sa place socialement et pour conforter l’intérêt que lui porte le public, en
faisant appel à notre expérience, nous tenons à réaffirmer les principes suivants :

le toucher appartient au patrimoine de l’humanité

En tant qu’expression d’un besoin d’interaction, le toucher est un moyen de communication naturel,
essentiel et fondamental présent dans toutes les civilisations depuis l’aube des temps. Le droit de
toucher l’autre s’appuie sur la nécessité et la liberté d’établir des relations entre êtres humains. Toute
communauté humaine, toute culture se fonde sur des interactions interpersonnelles et collectives dont
le toucher fait partie au même titre que le regard, l’écoute ou le langage. De nombreux rituels culturels
de reconnaissance, de partage, de célébration font appel au toucher. Le droit de toucher une
personne consentante pour créer, maintenir, enrichir une relation est un droit de naissance pour tout
être humain.

Le toucher est un besoin social

Le toucher crée, manifeste et entretient le lien social. Il symbolise la fraternité et l’entente. Il contribue
à l’acceptation et à la valorisation de l’autre, concourt aux échanges intimes, familiaux et
communautaires et même aujourd’hui professionnels. L’évolution de notre société de plus en plus
technique et de plus en plus virtuelle, le relâchement des liens sociaux traditionnels amènent de plus
en plus de personnes à vivre dans la solitude, l’isolement, la marginalité, la frustration de contact
corporels. Le droit de toucher une personne consentante pour lui manifester de la solidarité, du
soutien, du réconfort, de la reconnaissance, de la sollicitude, de la présence, de l’aide, du
soulagement est un acquis démocratique qui contribue à un devoir citoyen pour une société plus
fraternelle et solidaire.

Le toucher contribue au bien-être physique

L’impact sensoriel d’un contact attentionné par le toucher est nécessaire et bénéfique pour le corps.
Les enfants privés de toucher présentent des retards de socialisation, d’apprentissage et de
développement physique. Un toucher attentionné et bienveillant contribue à une détente, à une
récupération et à une sollicitation du corps qui ne peuvent être que profitables pour la santé
individuelle et qui entre parfaitement dans le cadre de la politique de la Santé Publique. Alors que
chacun s’accorde à dire que de nombreux troubles physiques sont aussi liés à des conditions de vie
stressantes et que les Français sont les plus gros consommateurs au monde de tranquillisants, le
toucher et son corollaire, le massage, en tant qu’outils de détente, de récupération, de prévention et
de sollicitation corporelle s’offrent comme une alternative pour un mieux-être corporel.

Le toucher participe à l’équilibre personnel

Sur un plan psychologique, l’importance de la mise en œuvre d’un toucher réconfortant, rassurant et
apaisant est de plus admise auprès des femmes enceintes, pour les soins aux jeunes enfants ainsi
qu’avec les personnes âgées et naturellement dans l’accompagnement en fin de vie. Le toucher
engendre une meilleure conscience, une plus grande écoute du corps, de soi et de ses besoins et
participe ainsi à un équilibre intérieur global. Nombre de nos contemporains ont souffert d’un déficit en
quantité et/ou en qualité de contacts corporels (si ce n’est de vécus abusifs) qui les handicape dans
leur confiance en eux, leur élan de vie et leurs projets personnels. La mise en œuvre dans une
relation d’aide d’un toucher attentionné et réparateur permet à celui qui le reçoit de maintenir son
équilibre personnel et de mieux gérer sa vie, en particulier pour les personnes traversant des
situations difficiles.

Le toucher favorise l’épanouissement relationnel

Dans les relations humaines, le toucher est un mode essentiel de communication non verbale qui
favorise l’expression et le partage des sentiments mais aussi renvoie à l’intimité, au respect et au
territoire de chacun. Au moment où hommes et femmes, parents et enfants redéfinissent leur place
mutuelle et se plaignent conjointement de liens d’affection et de compréhension mutuelle
insatisfaisants, le vécu du toucher favorise la perception et l’acquisition de valeurs relationnelles
essentielles telles l’attention à l’autre et à son corps, la prévenance, la confiance mutuelle, l’intégrité et
le respect. En tant qu’apprentissage de ces valeurs et facilitateur de l’expression, la pratique du
toucher et du massage en dehors de toute visée médicale ou paramédicale contribue à l’instauration
de modes relationnels plus satisfaisants et maintiennent une solidarité ; on découvre tous les jours de
nouvelles applications dans tous les domaines, école, milieu artistique, entreprise, hôpitaux, Au fil des
années, des milliers de personnes sont “passés entre nos mains” et entre celles de nos élèves.
L’immense majorité de ces personnes se sont senties mieux dans leur corps, plus confiantes en elles
mêmes, plus ouvertes aux autres. Elles ont témoigné des bienfaits du toucher et de l’amélioration de
leur vie personnelle et relationnelle.

En cette période où beaucoup de nos concitoyens recherchent des moyens de se sentir mieux dans
leur corps, dans leur tête et dans leur vie, nous croyons fermement que la pratique du toucher et du
massage en tant qu’outils de bien-être, d’équilibre personnel, d’épanouissement relationnel,
d’apprentissage d’un mieux vivre et de soutien socioculturel est un élément de réponse non
négligeable (1).

A côté et en complémentarité d’autres disciplines médicales, paramédicales (qui se sont hyper
spécialisées) ou psychologiques, nous invitons toute personne, et les pouvoirs publics, à l’acceptation
et à la reconnaissance des droits et des bienfaits du toucher ainsi qu’à la reconnaissance et à
l’inscription dans le cadre social des pratiques qui permettent la mise en œuvre de ces droits et de ces
bienfaits.

En complément peut-être serait-il utile de dire que cette pratique contribue aussi à diminuer le déficit
de la sécurité sociale (les assurances de pays étrangers commencent à prendre en compte ce
phénomène en remboursant certaines prestations de “massage bien-être”) ?

Enfin, ces nouveaux “praticiens de bien-être” permettraient à de nombreuses créations d’emplois de
“service à la personne” de voir le jour très rapidement. Ils répondraient ainsi aux objectifs de la toute
nouvelle Agence Nationale du “service à la personne” (notamment pour les chômeurs longue durée,
de sortir de la précarité, de retrouver l’estime de soi et une dignité car la nature profondément
humaniste de cette pratique permet en effet de redonner, une valorisation, un goût de soi même et un
sens au “travail retrouvé” à ces personnes).

Texte de J.-L. Abrassard,
Cosigné par Claude Camilli, Guy Largier, Joël Savatofski

(1) Une étude (2004) menée par l’IFJS, sur vingt années de pratique du toucher-massage et sur plus
de dix mille témoignages, confirme tous les bienfaits et bénéfices de cette pratique.